Les fleurs s’épanouissent, il y a du pollen dans l’air, une chose est sûre : le printemps est là ! À cette saison, nombreux d’entre nous sont sujets au nez qui coule, aux éternuements, aux démangeaisons aux yeux et à la peau, autrement dit à des réactions allergiques. Les allergies et sensibilités ne sont pas seulement des préoccupations humaines, elles touchent également nos amis équins. Comprendre et gérer ces conditions est crucial pour assurer la santé et le bien-être de nos chevaux. Dans cet article, nous allons explorer les allergies alimentaires chez le cheval, les différences avec les sensibilités alimentaires, les signes à surveiller et comment gérer ces conditions pour maintenir vos chevaux en bonne santé.
Les allergies au sens large
Les humains ne sont pas les seuls à être touchés par les allergies. Les allergies sont causées par des substances normalement inoffensives, appelées allergènes. Les chevaux et autres animaux peuvent être hypersensibles aux allergènes présents dans leur alimentation ou dans leur environnement.
Des allergies peuvent se développer en réponse à des allergènes ingérés, inhalés ou touchés par votre cheval, voire injectés lors de piqûres d’insectes. Un allergène peut être presque n’importe quoi, même si les plus courants sont les acariens, le pollen, les moisissures, les spores, les insectes, les médicaments et les aliments. L’allergie la plus courante chez les chevaux et les poneys est celle aux moucherons.
L’allergie : une réponse immunitaire
Une allergie est par définition une réponse immunitaire. Le système immunitaire de notre corps réagit de manière excessive à un allergène. Lors d’une première exposition à un allergène, le système immunitaire fabrique des anticorps sans qu’aucun symptôme n’apparaisse. Quand l’organisme est à nouveau en contact avec l’allergène, le système immunitaire va reconnaitre les allergènes et lancer la réaction allergique proprement dite.
La différence entre allergie et intolérance alimentaire chez le cheval
Chez le cheval, comme chez les humains, nous pouvons entendre parler des allergies aussi bien que les intolérances alimentaires. Mais quelle est la différence entre les deux ?
Les allergies alimentaires
Les allergies alimentaires provoquent une réponse immunitaire inappropriée à un composant d’un aliment. L’allergène dans l’alimentation est la plupart du temps une protéine. Si le système immunitaire n’est pas provoqué, il faut parler d’intolérance alimentaire.
Les intolérances alimentaires
Les intolérances alimentaires ne sont pas des allergies car elles n’impliquent pas le système immunitaire. Ces dernières peuvent être idiosyncratiques, d’origine métabolique, pharmacologique ou toxique (Wagner et al., 2007).
- L’idiosyncrasie alimentaire est une réaction anormale qui imite une allergie, sans que le système immunitaire soit impliqué. Il s’agit d’une prédisposition particulière de l’organisme qui fait qu’un cheval réagit d’une manière personnelle.Elle est causée par une dégranulation non spécifique des mastocytes due à des « facteurs de libération de l’histamine » ou à une alimentation riche en histamine. Ce dernier point est moins pertinent chez les chevaux (même s’il est possible que certains chevaux aient accès à des fraises, des tomates…).
- La réaction pharmacologique alimentaire produit un effet semblable à celui d’un médicament dans l’organisme.
- La réaction métabolique alimentaire résulte d’un effet sur le métabolisme, par exemple d’une maladie gastro-intestinale primaire ou d’un déficit de l’enzyme lactase.
- Une réaction toxique (intoxication alimentaire) est provoquée par des toxines (comme les mycotoxines par exemple) contenues dans l’aliment ou produites par des micro-organismes présents dans l’aliment.
Les signes et symptômes des allergies et intolérances chez le cheval
Les signes des allergies chez le cheval se manifestent de façons très variées, touchant la peau, le tube digestif, les yeux et surtout les poumons. Concernant les allergies alimentaires, les signes concernent souvent la peau, le tractus gastro-intestinal ou les deux.
Les dermites allergiques
La dermite estivale
Quand on utilise le mot dermite, vous pouvez penser au cheval que vous avez croisés avec des démangeaisons grave en période estivale. Ceci est le symptôme classique d’une dermite estivale, mais n’est pas une dermite allergique alimentaire. Les dermites estivales sont effectivement liées à une allergie, mais pas liées à l’alimentation. La dermite estivale arrive à cause d’une allergie aux piqures de moucherons.
La dermite allergique alimentaire
Les signes le plus commun pour une dermite allergique alimentaire est une inflammation autour de la bouche, des lèvres ou de la langue lors d’une contamination alimentaire par des acariens. Si un cheval a de l’urticaire en raison d’une allergie alimentaire, on s’attendrait à ce qu’elle soit présente sur tout le corps plutôt que dans des zones isolées, ce qui indiquerait davantage une allergie de contact à quelque chose (comme un détergent à lessive utilisé pour laver le tapis).
Les allergies / intolérances et le tube digestif
Les allergies alimentaires sont plus difficiles à identifier au niveau du tube digestif car les symptômes sont communs à tout dérèglement digestif chez le cheval. Si votre cheval souffre d’une allergie alimentaire, les symptômes gastro-intestinaux peuvent inclure de la diarrhée ou des coliques.
Le diagnostic des allergies ou intolérances alimentaires
Les allergies alimentaires chez les chevaux existent ; cependant, la plupart des chercheurs et vétérinaires les considèrent comme rares. En plus, le diagnostic des allergies chez le cheval reste difficile. Ceci est rendu encore plus difficile de diagnostiquer dues aux poussières, aux moisissures et aux contaminants présents dans le foin. Il existe plusieurs façons d’identifier des allergies chez le cheval, notamment via des tests vétérinaires ou, si dans le cas où les allergies alimentaires sont préoccupantes, le régime d’élimination.
Tests d’allergie chez les chevaux
Si vous soupçonnez que votre cheval a une allergie, alimentaire ou environnementale, vous pouvez faire appel à votre vétérinaire qui pourra effectuer des tests pour déterminer la cause des allergies. Il existe aujourd’hui deux tests disponibles pour tester les allergies chez les chevaux : un test sanguin ou un test intradermique.
Le test d’allergie sérique
Le test d’allergie sérique est une simple prise de sang effectuée par un vétérinaire. La prise de sang est utilisée pour mesurer la concentration d’un anticorps spécifique, appelé immunoglobuline E (IgE). L’IgE est un anticorps produit par le système immunitaire en réponse à un allergène. Des niveaux élevés d’IgE correspondent à une allergie positive. L’idée de base est qu’un seul échantillon de sang prélevé sur un cheval est testé en laboratoire pour voir si les IgE « réagissent » avec certaines molécules alimentaires.
Le test cutané intradermique
Le second test d’allergie est appelé test cutané intradermique, qui est également effectué par un vétérinaire. Il nécessite de raser une partie de la peau, généralement le cou, où il y a une zone par allergène à tester. Le test intradermique consiste à injecter soigneusement dans les couches de la peau de très petits volumes de différents allergènes, ainsi qu’un contrôle positif (histamine) et négatif (solution saline) auxquels sont comparées les réactions individuelles.
Les limites des tests d’allergie
Les tests intradermiques et les tests d’IgE sériques ont de faibles valeurs prédictives positives, mais leur valeur prédictive négative est élevée (Dupont et al., 2016 ; Muthupalaniappen et Jamil, 2021). Cela signifie que, même si le test n’identifie pas d’allergènes spécifiques, il est utile d’exclure les allergènes qui ne sont pas responsables de la réaction allergique.
Suivi de santé et prévention des blessures
La santé de votre cheval reste toujours la priorité numéro 1 ! Il n’y a pas deux chevaux identiques. C’est pourquoi il est important de travailler avec des professionnels équins qualifiés pour établir des lignes directrices qui aideront à maximiser leurs performances. Les bases, comme les vaccinations, un suivi des parasites, des dents et des pieds, doivent être mis en place.
Par exemple, si le test n’a pas provoqué de réaction à l’orge, vous n’avez pas besoin d’éviter l’orge dans l’alimentation de votre cheval. Cependant, des résultats faussement positifs peuvent survenir à la suite des deux tests et la répétabilité n’est pas très élevée, probablement liée à des effets saisonniers pour certains allergènes (Lebis et al., 2002). Les résultats doivent donc être interprétés avec prudence et toujours corrélés aux antécédents et à l’examen physique.
Le régime d’élimination pour le cheval
Le régime d’élimination est un outil que vous pouvez effectuer vous-même si vous soupçonnez une allergie ou intolérance alimentaire chez votre cheval.
La mise en place d’un régime d’élimination
Une approche courante pour identifier une allergie alimentaire commence par un régime d’essai ou d’élimination, qui est généralement administré pendant quelques semaines, voire jusqu’à 3 mois. Le régime d’élimination n’inclut aucun des aliments précédemment donnés. Cela comprend non seulement les concentrés, mais aussi le foin, les pâturages, les suppléments, les friandises, etc.
Si les signes d’allergie s’améliorent ou disparaissent pendant la période du régime d’élimination, une allergie alimentaire est probable. Afin de confirmer l’allergie alimentaire, les aliments précédemment consommés doivent être remis au régime un à la fois. Si on remet plusieurs aliments à la fois, on ne sera pas capable de bien cibler la cause.
Si les signes réapparaissent en réponse à un aliment particulier donné, alors cet aliment en est probablement la cause. Il faut à nouveau éliminer l’aliment suspect de l’alimentation. Si les signes disparaissent dans les deux semaines suivantes, l’allergie alimentaire est généralement confirmée.
Les limites du régime d’élimination
Il y a quelques limites de ce type de diagnostic, notamment dans le cadre des aliments composés, des suppléments ou pour les chevaux au pâturage. Cette approche est difficile dans le cadre de la distribution d’un aliment composé ou d’un supplément à cause de la composition qui contient plusieurs matières premières / additifs. Il est donc difficile de déterminer la matière responsable des réactions allergiques.
Pour les chevaux au pâturage, nous vous suggérons de changer de pré (au risque de retrouver les mêmes types de graminées si c’est dans une même zone géographique) ou bien de retirer le cheval du pré pour une mise en pâturage dans un paddock avec un sol en sable. N’oubliez pas que l’allergie numéro un chez les chevaux est la piqûre d’insecte. Retirer un cheval du pâturage va forcément diminuer son exposition aux insectes. Son changement d’environnement pourrait résoudre vos problèmes mais ne doit pas être confondu avec des allergies alimentaires.
Allergies du cheval : gestion et prévention
Les stratégies de traitement des allergies se concentrent sur la minimisation de la présence de l’allergène et sur l’influence du système immunitaire pour rétablir l’équilibre. Bien que simple sur le papier, la difficulté d’identifier spécifiquement le ou les allergènes causals peut, dans de nombreux cas, perturber cette approche de base.
Pour voir si l’état de votre cheval s’améliorer, essayez d’éliminer chacun de ces allergènes courants. Il est important d’essayer chacun d’eux, un à la fois, pendant au moins deux semaines pour voir s’il y a des améliorations.
Les allergènes courants
- Insectes : Bien qu’il soit impossible d’éliminer complètement les insectes, différentes stratégies peuvent être mises en place pour minimiser l’exposition. Par exemple, mettre en place des couvertures anti-mouches, des masques et sprays, laver votre cheval régulièrement, enlever les crottins de cheval du paddock quotidiennement… N’oubliez pas que les eaux stagnantes, comme les étangs, sont des terrains fertiles pour les insectes !
- Pollen et poussière : L’arrosage de la carrière/manège est nécessaire pour réduire la poussière pendant les séances de travail. Vous pouvez également arroser les allées de l’écurie avant de balayer pour minimiser la poussière ou vous assurez que les chevaux sont dehors pendant cette tâche. Une bonne ventilation de l’écurie est toujours dans l’intérêt de la santé respiratoire de votre cheval. Vous pouvez également utiliser du copeau pour les chevaux sensible à la poussière de la litière.
- Moisissures : Éliminez toute exposition à la moisissure en nettoyant les mangeoires, en enlevant le foin mouillé et en assurant un foin de qualité, libre de moisissures et de mycotoxines.
- Toute nouveauté : Si votre cheval montre des signes d’allergie cutanée, tout nouveau produit récemment ajouté à votre kit de pansage (spray anti-mouches, shampoing) est suspect. Il est également important d’évaluer tout changement dans l’environnement du cheval, comme un changement de box (moins de circulation d’air) ou d’un pâturage (nouvelles espèces d’herbe).
- Alimentation : Il faut bien identifier la cause alimentaire afin d’éviter l’exposition de votre cheval à la suite. Quand l’allergène est bien identifié, vous pouvez prendre contact avec votre conseiller technique pour trouver des solutions. N’oubliez pas que certaines protéines présentes dans les graminées dans les prés peuvent déclencher des allergies saisonnières.
Conclusion
Gérer les allergies environnementales et alimentaires, ainsi que les sensibilités alimentaires chez les chevaux nécessite une attention particulière et une collaboration étroite avec votre vétérinaire et votre technicien d’aliment. En observant attentivement les symptômes, en adoptant une approche proactive dans la gestion de leur environnement et de leur alimentation, vous pouvez améliorer considérablement la qualité de vie de votre cheval.
Si vous souhaitez plus d’informations et des conseils personnalisés, consultez votre vétérinaire ou votre conseiller technique. Assurer la santé de votre cheval passe par une compréhension approfondie de ses besoins alimentaires et une gestion attentive de son régime.
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