Les chevaux, en tant qu’herbivores non ruminants, possèdent un système digestif conçu pour digérer efficacement les fibres. La compréhension de l’importance des fibres dans l’alimentation équine est cruciale pour assurer la santé et le bien-être des chevaux. Dans cet article, nous allons comprendre pourquoi les fibres sont vitales, leurs différentes sources et comment les intégrer de manière adéquate dans le régime alimentaire de votre cheval.
Que sont les fibres ?
Après l’eau, les fibres constituent le composant le plus important de l’alimentation d’un cheval. Les fibres sont des composants naturellement présents dans les aliments végétaux. Dans la nature, elles se trouvent principalement dans la tige plutôt que dans les feuilles des graminées.
Les fibres végétales existent sous diverses formes de glucides. Par conséquent, elles sont également connues sous le nom de glucides structurels, notamment la lignine, la cellulose et l’hémicellulose. Les fibres se divisent en deux grandes catégories différentes : les fibres solubles et insolubles. Les deux catégories ont des rôles physiologiques très différents.
Les fibres insolubles
Les fibres insolubles sont constituées de cellulose, d’hémicellulose et de lignine. Ces dernières sont également appelées fibres non digestibles. Ce sont la partie des parois végétaux qui sont moins digeste et qui agissent en tant que lest.
Les fibres solubles
Les fibres solubles sont constituées des pectines, des mucilages, des gommes et une partie des hémicelluloses. Ces dernières sont quant à elles appelées fibres digestibles. Les matières premières riches en fibres digestibles dans l’alimentation du cheval sont les pulpes de betterave, le marc de pomme et les graines de lin. De moindre niveau, il y a les grains, les graines et les tourteaux.
Les fibres digestibles jouent un rôle sur l’effet de satiété et la vitesse de digestion. Elles peuvent intervenir également dans le métabolisme de plusieurs molécules.
L’intérêt des fibres dans la ration alimentaire du cheval
Les fibres sont indispensables pour votre cheval pour plusieurs raisons. Les fibres sont un apport énergétique et une source de lest. Elles permettent également d’assurer l’hygiène mentale de votre cheval.
L’apport énergétique des fibres
La digestibilité des fibres
L’apport énergétique des fibres est lié à leur digestibilité, qui est inversement liée à la teneur de fibres non digestible. Les micro-organismes dans le cæcum de votre cheval sont responsables de la dégradation des fibres digestibles et libèrent des acides gras volatiles (le butyrate, l’acétate et le propionate). Ces acides gras volatiles sont absorbés et utilisés comme sources d’énergie directes par le cheval.
La quantité d’énergie des fibres pour le cheval
La quantité d’énergie tirée des fibres varie selon la qualité des fibres et dépend de leur teneur en fibres facilement dégradables. Les pâturages et les fourrages contenant de grandes quantités de fibres facilement dégradables sont d’excellentes sources d’énergie pour les chevaux.
Quand on pense aux apports énergétiques pour le cheval, on pense plus aux aliments concentrés et aux céréales, sans nécessairement penser aux fibres. Or, l’énergie apportée par les fibres permet de couvrir environ 1/4 à 1/3 des besoins énergétiques de votre cheval (Wolter, 2014).
L’effet de lest des fibres
Sans parler des nutriments apportés par le foin, les fibres apportées assurent le bon fonctionnement digestif pour le cheval via leur effet de lest et contribuent à éviter des dysmicrobismes (des déséquilibres ou mauvaises adaptations de la flore intestinale). De ce fait, l’apport des fibres est donc nécessaire pour assurer une bonne santé digestive pour votre cheval.
Le rôle des fibres dans la prévention d’ulcères gastriques chez les chevaux
L’intérêt des fibres pour la santé digestive commence dans la bouche de votre cheval. Le fourrage est mâché et broyé en particules plus petites auxquelles les microbes peuvent accéder plus facilement pour être digérer. La mastication stimule la production de salive, lubrifie les aliments pour favoriser le transit dans le tube digestif et amortit l’acide gastrique.
Ceci n’est pas négligeable dans la prévention des ulcères gastriques. Le risque d’ulcères gastriques chez les chevaux en écurie est bien plus élevé lorsque le cheval reste plus de six heures sans avoir accès à du fourrage.
Les fibres et leur pouvoir tampon
Les fibres et la salive produites par la mastication du fourrage sont des tampons importants utilisés par le cheval pour maintenir un pH gastrique normal, une bonne santé et une bonne physiologie. Lorsque des régimes pauvres en fibres sont administrés, l’acidité de l’estomac augmente, ce qui accroît à son tour le risque de maladie gastrique squameuse équine. De plus, les régimes pauvres en fibres peuvent augmenter le risque de coliques en raison de la faible teneur en fibres dans le gros intestin.
L’effet mécanique sur le transit digestif
Le poids des fibres non digestibles a aussi une action mécanique. Vu la digestibilité faible voire non existante de ces fibres, ces dernières augmentent le volume du contenu digestif. Ceci stimule le péristaltisme (l’ensemble des contractions musculaires provoquant la progression du bol alimentaire d’amont en aval) et donc joue sur la vitesse de transit des aliments dans le tube digestif. Dans ce cas, le lest participe à la prévention de la constipation et peut également diminuer la durée d’exposition du tube digestif à certaines toxines.
La santé du microbiote intestinal
Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
Le microbiote intestinal, également appelé flore intestinale, est une communauté de micro-organismes (bactéries, champignons, virus…) qui vivent à l’intérieur du tube digestif du cheval. Les chevaux dépendent d’un microbiote intestinal sain pour digérer efficacement les fibres non digestibles de leur nourriture. Les fibres fournissent un substrat nécessaire aux microbes bénéfiques, soutenant ainsi une population microbienne équilibrée et diverse.
Les microbes vitaux
La population microbienne dans le cæcum et le côlon du cheval est autour de 5 à 7 x109 germes par g de contenu digestif (Wolter, 2014). Parmi tous ces habitants du tube digestif de votre cheval, il y a des bactéries cellulolytiques, qui sont responsables de la dégradation et la digestion de la cellulose apportée par son régime alimentaire. Ce microbiote est indispensable pour votre cheval pour la digestion des fibres. En effet, le cheval n’est pas capable lui-même de produire des enzymes capables de dégrader les fibres.
L’hygiène mentale du cheval et les fibres
Se nourrir de fibres : un besoin physiologique pour le cheval
L’acte de manger du foin est un facteur d’occupation et de tranquillisation pour le cheval. Ceci est encore plus important pour les chevaux qui n’ont pas accès aux pâturages bien enherbés. Comme chez les humains, qui ressentent davantage d’agressivité et d’irritation lorsqu’ils ont faim, des associations entre un comportement modifié et des restrictions alimentaires peuvent également être observées chez les chevaux (Emers et al., 2023). Il existe des preuves de conséquences comportementales du fait de nourrir les chevaux avec une quantité de fibres inférieure à l’apport quotidien recommandé.
Même dans le cas où le besoin physiologique en nutriments est satisfait chez votre cheval, il a toujours un besoin comportemental de chercher la nourriture. Le manque d’occasion de mâcher en raison de la manière dont l’alimentation est présentée est connu pour être lié non seulement aux stéréotypies orales, mais aussi aux comportements redirigés, comme le fait de mâcher du bois.
Un facteur d’occupation
Les fibres augmentent aussi la durée d’ingestion. Les fibres sont mâchées par les prémolaires et les molaires environ 3 400 fois par kg de foin, ou 43 000 fois par jour lorsqu’elles sont nourries avec du foin ad libitum, avant d’être avalées (Emers et al., 2023). Ceci permet d’agir favorablement sur l’ennui et permet à votre cheval d’exprimer des comportements naturels. Nous vous conseillons un minimum de 4 à 5 h par jour de durée d’ingestion pour assurer l’hygiène mentale de votre cheval.
La quantité de fibres recommandée pour les chevaux
Les besoins en fibres sont exprimés en % de cellulose brute (CB). Wolter (2014) recommande un minimum de 15 à 18% de cellulose brute de la ration totale. Les chevaux qui vivent dans des prairies de qualité et ayant un accès libre au foin n’ont généralement aucun problème à satisfaire à cette exigence minimale.
Pour les chevaux hébergés au box ou dans les paddocks avec de l’herbe de quantité ou qualité insuffisante, nous recommandons de distribuer un minimum de 1,5% du poids vif en matière sèche de fourrage conservé (équivalent à 15 g/kg de poids vif ou 7,5 kg/jour pour un cheval de 500 kg en matière sèche). Sur une base de foin à 90 % de matière sèche, cela équivaut à 8,3 kg de foin/jour pour un cheval de 500 kg.
Selon votre cheval, la fourchette de quantité de fourrage conservé à distribuer varie de 1,5% à 2,5% du poids vif en matière sèche de fourrage – 1,5% est le minimum pour assurer le bon fonctionnement du système digestif de votre cheval. Il est important de diviser cette quantité en plusieurs repas pour simuler le comportement naturel de broutage des chevaux. Et n’oubliez pas d’assurer que votre cheval a toujours de l’eau fraîche à votre cheval.
Quelles sont les sources des fibres ?
Souvent, lorsqu’on pense aux fibres alimentaires pour chevaux, on ne pense qu’aux fourrages. Cela n’est pas surprenant, car les mots sont souvent utilisés de manière interchangeable, sans qu’aucune autre source de fibres ne soit mentionnée dans les informations disponibles dans les livres et sur les sites internet. Quand on parle des recommandations en fibres, il faut également prendre en compte les aliments concentrés, ou même la litière, pas que les fourrages.
Le foin n’est donc pas la seule source de fibres dans la ration alimentaire de votre cheval.
Conclusion
Les fibres constituent un élément crucial dans l’alimentation de votre cheval pour sa santé et son bien-être. En lui apportant une quantité adéquate de fibres, on assure le bon fonctionnement du système digestif mais aussi qu’il exprime des comportements naturels. Pour plus d’informations et des conseils personnalisés, vous pouvez consulter votre conseiller technique ou votre vétérinaire.
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