Quelles sont les carences nutritionnelles les plus courantes chez le cheval
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Quelles sont les carences nutritionnelles les plus courantes chez le cheval

L’alimentation est un sujet de préoccupation important pour les propriétaires de chevaux. Que vous possédiez un cheval de sport ou d’élevage, il est nécessaire d’offrir à votre cheval une ration alimentaire complète et équilibrée. Cela permet de répondre à ses besoins physiologiques, mais aussi d’optimiser ses performances et son bien-être.

 

 

Cependant, la nutrition équine peut s’avérer complexe. Une ration déséquilibrée ou inadéquate peut entraîner des carences nutritionnelles, néfastes pour la santé et les performances de votre cheval. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les carences nutritionnelles les plus fréquentes chez le cheval et comment les éviter.

 

 

Les nutriments essentiels chez le cheval

Une ration équilibrée regroupe l’ensemble des ingrédients qui apportent des nutriments dans de bonnes quantités, formes et ratios. Cela permet de couvrir l’ensemble des besoins selon le stade physiologique de votre cheval. Les nutriments essentiels se répartissent en cinq grandes catégories : 

  • l’énergie,
  • les protéines,
  • les minéraux,
  • les vitamines
  • et l’eau.

Les quantités nécessaires pour couvrir les besoins en nutriments de votre cheval sont liées aux besoins totaux (entretien et production).

 

Une alimentation composée uniquement de fourrage ne suffit pas toujours à couvrir l’ensemble des besoins nutritionnels de votre cheval, notamment ses besoins en vitamines et minéraux (National Research Council, 2007). Même si un fourrage de qualité associé à un aliment commercial ou à un complément minéral/vitaminique (CMV) peut aisément répondre à ces besoins, des carences dans l’alimentation équine peuvent néanmoins survenir.

Ces dernières dépendent souvent de l’âge, du type de cheval ainsi que de la région géographique. Proposer une alimentation équilibrée qui réponde aux besoins nutritionnels de votre cheval et être attentif aux éventuelles carences est primordial pour son entretien.

 

Les carences nutritionnelles les plus fréquentes chez le cheval

Bien que rares, les carences nutritionnelles simples peuvent survenir et toucher différents nutriments chez les chevaux. Parmi les plus courantes figurent :

  • l’apport énergétique,
  • les protéines,
  • le calcium et le phosphore,
  • le chlorure de sodium (sel),
  • le cuivre et le sélénium.

 

Il est souvent difficile d’identifier les carences chez les chevaux. Les signes de carence sont souvent peu spécifiques et peuvent être compliqués à interpréter, par exemple si plusieurs nutriments sont déficients en même temps.

 

L’énergie

L’énergie : le carburant du cheval 

L’énergie est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme du cheval. Elle soutient le travail musculaire, la formation des tissus et la production de lait, entre autres fonctions. Autrement dit, c’est le carburant vital pour votre cheval. Pour un cheval au travail, l’énergie est le nutriment le plus sollicité et impacté en cas d’augmentation de l’effort. Avec une intensité ou une durée de travail accrue, il est crucial d’ajuster l’apport énergétique afin de répondre aux besoins nutritionnels de votre cheval.

 

Un déficit d’énergie chez le cheval

 

Les chevaux souffrent souvent de carences énergétiques. Elles peuvent être causées par un apport énergétique insuffisant, une mauvaise digestion ou une mauvaise absorption des nutriments (Ralston, 2021). La perte de poids est le principal signe d’un apport énergétique insuffisant chez votre cheval.

 

Lorsqu’un cheval ne reçoit pas suffisamment de calories sous forme d’énergie digestible pour soutenir ses fonctions physiologiques, il mobilise ses réserves, principalement sous forme de graisse, pour produire de l’énergie. Cela se reflète sur sa note d’état corporel (NEC), un indicateur que vous pouvez facilement évaluer à la maison pour suivre l’évolution de la condition physique de votre cheval.

 

 

Un zoom sur la note d’état corporal du cheval

La note d’état corporel (NEC) est déterminée en évaluant sept zones anatomiques où se dépose la graisse : l’arrière de l’épaule, les côtes, le chignon, le long du garrot, le sillon le long du dos, la croupe et l’attache de la queue. Ce système, applicable à toutes les races, permet d’attribuer aux chevaux un score d’état corporel allant de 1 (émacié, sous-nutrition) à 9 (extrêmement gras, surnutrition).

 

schéma des zones anatomiques du cheval

Une baisse de la NEC indique souvent une carence énergétique nécessitant un ajustement de la ration.

 

Les protéines

Les protéines, les bases pour le cheval

Elles sont des éléments essentiels à l’organisme, présentes dans les muscles, la peau, les poils, les hormones, etc. Elles jouent un rôle clé dans de nombreux processus vitaux, tels que le fonctionnement du système immunitaire, la coagulation et le transport de l’oxygène (Wolter, 2014).

 

Contrairement aux graisses, les protéines ne peuvent pas être stockées dans l’organisme et subissent une dégradation constante, nécessitant un renouvellement régulier. Pour compenser ces pertes, votre cheval doit recevoir une ration journalière suffisamment riche en protéines pour couvrir ses besoins.

 

Une carence protéique

Une carence en protéines alimentaires peut être causée par un apport insuffisant ou par un manque d’un acide aminé essentiel spécifique. Les acides aminés, constituants des protéines, jouent un rôle fondamental dans l’entretien, le travail, la croissance et la reproduction.

 

Les acides aminés essentiels, ou limitants, doivent obligatoirement être apportés par l’alimentation du cheval, car son organisme ne peut pas les synthétiser. Parmi eux, la lysine, la méthionine et la thréonine sont les principaux acides aminés limitants. Si l’un d’entre eux est déficient, le cheval ne reçoit pas les quantités nécessaires pour répondre à ses besoins physiologiques, ce qui entrave la synthèse des protéines. Les carences en acides aminés essentiels peuvent entraîner divers problèmes de santé, notamment une perte de poids, une mauvaise croissance des poils et des sabots, un ralentissement de la croissance ou une perte de masse musculaire.

 

Les macro-éléments

Le calcium et le phosphore font partie des macro-éléments essentiels et jouent un rôle particulièrement important dans le développement et la solidité du squelette (Wolter, 2014). Ce groupe inclut également le sel, le potassium, le magnésium et le soufre, chacun ayant une fonction spécifique dans l’organisme.

 

Le calcium et le phosphore : des alliés pour le squelette

Le calcium et le phosphore, un ratio clé

Ils constituent la majeure partie de la matière minérale du corps du cheval. Environ 80 % du phosphore et 99 % du calcium se trouvent dans les os et les dents, ce qui rend ces éléments essentiels à une ration équilibrée. Il est crucial que les chevaux reçoivent non seulement des quantités suffisantes de calcium et de phosphore, mais aussi dans un rapport adapté. Si le phosphore excède le calcium, il interfère avec l’absorption de ce dernier, ce qui peut avoir de graves conséquences sur la santé osseuse du cheval.

Le calcium représente environ 35 % de l’os équin, tandis que le phosphore en constitue entre 14 et 17 %. Le rapport idéal calcium/phosphore (Ca:P) dans l’alimentation totale est d’environ 2:1, bien que ce ratio puisse varier selon l’âge du cheval et ses besoins spécifiques.

 

Déficit en calcium ou phosphore chez le cheval

Les chevaux de tous âges peuvent être carencés en calcium. L’une des causes les plus fréquentes de déséquilibres entre calcium-phosphore est l’alimentation à base de grandes quantités de céréales riches en phosphore, sans ajout supplémentaire de calcium. Ce déséquilibre peut conduire à des pathologies telles que l’hyperparathyroïdie nutritionnelle secondaire, dans laquelle l’os est remplacé par du tissu conjonctif fibreux, entraînant la maladie de la « grosse tête » (Ralston, 2021).

 

La carence en calcium provoque des déformations du squelette chez les jeunes chevaux. Chez les chevaux plus âgés, une carence ou un déséquilibre en calcium ou en phosphore peut entraîner une ostéomalacie ou une ostéoporose.

 

Le phosphore est particulièrement crucial pour les chevaux en croissance, en lactation ou engagés dans des activités de performance (Ralston, 2021). Si ces chevaux sont nourris exclusivement avec du foin de prairie ou des pâturages de mauvaise qualité, sans céréales,

cela peut augmenter le risque de carence. Cette dernière peut entraîner des conséquences squelettiques similaires à celles observées avec les carences en calcium. Les chevaux affectés peuvent commencer à consommer de grandes quantités de terre ou présenter d’autres manifestations de pica avant l’apparition de symptômes plus graves (Ralston, 2021).

 

Le sel

Le sel, ou le chlorure de sodium (NaCl), est un électrolyte qui joue un rôle sur les niveaux de liquide dans le corps, l’équilibre acido-basique ainsi que la fonction nerveuse et musculaire. Le chlorure, en particulier, est important pour favoriser la digestion. Il participe à la production de bile, qui aide à dégrader les graisses, et à l’élaboration de l’acide chlorhydrique (HCl), principal composant de l’acide gastrique.

 

Les chevaux sont plus susceptibles de développer des signes de carence en sel lorsqu’ils travaillent dur par temps chaud ou consomment des rations pauvres en sel, comme les foins ou les graminées. Fournir à votre cheval un bloc de sel à volonté est un bon moyen de s’assurer qu’il aura suffisamment de sel dans son alimentation. Ne vous inquiétez pas des excès, les chevaux régulent mieux leur consommation de sel que nous ! Les chevaux privés de sel se fatiguent facilement, cessent de transpirer et présentent des spasmes musculaires s’ils effectuent un exercice intense.

Les oligo-éléments

Parmi les oligo-éléments, le cuivre et le sélénium sont ceux qui présentent le plus de risques de carence chez le cheval.

 

Le cuivre : un rôle clé pour les articulations, les os et les phanères

Le cuivre joue de nombreux rôles physiologiques : il agit comme facteur antianémique, contribue à la solidité des os et des articulations, et est essentiel à la qualité des poils et des sabots (Wolter, 2014). Une carence en cuivre peut provoquer des problèmes articulaires chez les jeunes chevaux et affecter la qualité des phanères (poil et corne) (Wolter,2014).

 

Le risque de carence en cuivre est assez élevé chez le cheval, car les fourrages sont souvent pauvres en cuivre, et l’absorption du cuivre est pénalisé par des excès d’autres oligo-éléments, comme le fer, le manganèse ou encore le molybdène.

 

Un niveau insuffisant de cuivre peut entraîner de nombreux problèmes de santé chez le cheval. Chez les chevaux en croissance, un manque de cuivre peut avoir un impact sur la santé des articulations. La carence en cuivre est associée à une maladie appelée ostéochondrose, une maladie orthopédique du développement qui peut affecter les performances futures de votre cheval (Wolter, 2014).. Pour plus d’information sur l’ostéochondrose, n’hésitez pas à consulter notre article.

Les apports en cuivre sont importants dès la conception : un poulain peut également développer des signes d’ostéochondrose si sa mère n’a pas suffisamment de cuivre dans son alimentation (Kavazis et al, 2002). Un manque de cuivre peut aussi se traduire par la décoloration des poils et une baisse de la qualité de la corne des sabots.

 

Le sélénium : un antioxydant indispensable

Le sélénium, bien qu’indispensable en très petites quantités, est essentiel à la fonction immunitaire et à la santé générale du cheval. Il est un minéral antioxydant, en synergie avec la vitamine E, protège l’organisme contre le stress oxydatif causé par des radicaux libres (pro-oxydant) et joue un rôle essentiel dans le système immunitaire. Le sélénium soutient également la fonction thyroïdienne normale, essentielle pour produire des hormones thyroïdiennes impliquées dans la régulation des processus métaboliques.

 

Historiquement, l’excès de sélénium a suscité des préoccupations, car il est toxique pour les chevaux lorsqu’il est consommé en grand quantité. Par exemple, un excès de sélénium de seulement 5 ppm dans la ration peut provoquer la perte des poils de la crinière et de la queue ainsi que la desquamation de la partie distale du sabot (Rolston, 2021). Les recherches ont cependant pu montrer que les chevaux ont une fourchette étroite de besoins en sélénium. Une carence en sélénium se manifeste par la maladie du muscle blanc, une maladie dégénérative qui affecte le muscle squelettique et cardiaque des équidés. L’alimentation de la jument reproductrice est un facteur important dans la prévention de cette maladie chez les poulains allaités, qui peuvent présenter la maladie si leur mère a un apport insuffisant en sélénium (Kavazis et al, 2002).

 

Conclusion

Bien que les carences nutritionnelles soient moins fréquentes aujourd’hui, elles peuvent entraîner des conséquences graves sur la santé et les performances des chevaux.

De nombreux équidés souffrent encore de déficits en un ou plusieurs nutriments essentiels. Si des carences mineures peuvent passer inaperçues, les carences chroniques peuvent se manifester par des sabots fragiles, un pelage terne, de mauvaises performances physiques, des problèmes de reproduction et une fonction immunitaire affaiblie.

Ces déséquilibres nutritionnels spécifiques entraînent des effets indésirables pour le cheval, mais peuvent généralement être corrigés en fournissant une alimentation équilibrée. L’analyse de votre foin et l’administration des compléments minéraux et vitaminiques (CMV) ou d’aliments concentrés conformément aux recommandations du fabricant peuvent prévenir les carences nutritionnelles

 

Pour obtenir des informations et des recommandations personnalisées, n’hésitez pas à contacter votre conseiller technique ou votre vétérinaire.

 

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