La PSSM chez le cheval : comprendre et mieux gérer la myopathie de stockage des polysaccharides
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La PSSM chez le cheval : comprendre et mieux gérer la myopathie de stockage des polysaccharides

Les troubles musculaires chez le cheval peuvent varier en gravité, allant d’inflammations passagères à une dégradation sévère des cellules musculaires. Lorsqu’un cheval présente des épisodes fréquents de raideur musculaire ou de rhabdomyolyse (dégénérescence musculaire), il se peut qu’il souffre d’une myopathie de stockage des polysaccharides, ou PSSM. Cette affection se manifeste par des douleurs musculaires et une faiblesse physique, limitant le bien-être et les performances du cheval.

 

 

Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les différents types de PSSM, leurs symptômes et les moyens de diagnostic. Et de vous proposer des astuces pour la bonne gestion nutritionnelle de cette maladie pour votre cheval.

 

Qu’est-ce que la PSSM ?

Le glycogène, une forme de glucose (sucre) stockée dans les muscles, est une source énergétique cruciale pour le cheval, qui fait partie de la famille des polysaccharides. La myopathie de stockage des polysaccharides (PSSM) est un trouble musculaire caractérisé par une accumulation excessive de glycogène, ainsi que des molécules de glycogène sous une forme anormale dans les muscles.

 

Cette accumulation anormale de sucres peut provoquer une dégradation des fibres musculaires (rhabdomyolyse), ce qui entraîne des douleurs musculaires, des contractions musculaires, de la transpiration et une réticence au mouvement.

 

Actuellement, la PSSM est classée en deux types : PSSM de type 1 (PSSM1) et PSSM de type 2 (PSSM2).

 

La PSSM Type 1

La PSSM de type 1 (PSSM1) résulte d’une mutation du gène GYS1 (glycogen synthase 1 ; McCue et al., 2008). Ce gène est impliqué dans la régulation d’une enzyme qui transforme le glucose en glycogène.

 

Cette mutation entraîne une accumulation excessive de glycogène, ainsi que de polysaccharides sous une forme anormale, dans les muscles qui ne diminuent pas avec l’exercice. Ce type de PSSM est héréditaire.

 

La mutation de la PSSM1 est un trait autosomique dominant : une seule copie du gène muté suffit pour qu’un cheval soit affecté, ce qui signifie qu’environ 50 % de la progéniture recevront la mutation transmise par un parent porteur. Les chevaux avec deux copies du gène sont plus susceptibles de présenter une forme sévère de PSSM (Herszberg, 2008.).

 

Cependant, les facteurs environnementaux, à savoir l’alimentation et l’exercice, jouent un rôle important dans l’apparition des signes cliniques. Bien que plus fréquente chez les chevaux de trait, ainsi que les AQPS et les races apparentées, la PSSM1 a été observée dans plus de 20 races.

 

La PSSM Type 2

La PSSM de type 2 (PSSM2) regroupe les cas qui ne sont pas causés par la mutation GYS1. Bien que son origine exacte reste inconnue, une composante génétique est suspectée. Les chevaux atteints de la PSSM de type 2 présentent également une accumulation anormale de glycogène dans les fibres musculaires.

 

Les symptômes et le diagnostic de la pssm

La PSSM est responsable d’une atteinte des fibres musculaires et donc des crises de myosite répétées. Les signes cliniques de la PSSM peuvent être subtils ou prononcés.

 

Les symptômes de la PSSM

Les chevaux atteints de PSSM réagissent souvent à l’effort (les signes observés après moins de 20 minutes au pas et au trot), notamment après plusieurs jours de repos (Valberg, 2008 – exemple : en sortant du box le matin après un weekend de repos).

 

Les signes peuvent inclure :

  • Raideur musculaire, accentuée pendant l’échauffement
  • Réticence à avancer ou à se rassembler sous la selle
  • Tremblements musculaires au niveau des flancs
  • Arrêts ou étirements fréquents avec une posture similaire à celle de l’urination
  • Attitude globalement désagréable à l’égard de l’exercice

 

Certains chevaux affectés peuvent toutefois ne présenter aucun symptôme visible.

 

Le diagnostic de la PSSM

La PSSM1 est diagnostiqué à l’aide d’un test génétique pour identifier la variante GYS1, à partir d’échantillons de crins ou de sang.

 

Pour la PSSM2, seul un examen de biopsie musculaire peut fournir un diagnostic définitif.

 

Avant de procéder à la biopsie, qui est une intervention assez invasive, d’autres analyses peuvent indiquer si votre cheval est potentiellement atteint de PSSM. Parmi les analyses possibles, l’activité sérique de deux enzymes, la créatine kinase (CK) et l’aspartate aminotransférase (AST) est particulièrement intéressante dans le cas de rhabdomyolyse. Ces enzymes jouent un rôle dans la production d’énergie au niveau des muscles et le bon fonctionnement général de l’organisme. Par exemple, si 4 heures après un test d’effort (maximum 15 minutes de longe au pas et au trot), le taux de CK de votre cheval est 3 fois supérieur à son niveau de repos, cela peut-être également un signe de PSSM. Bien que l’analyse des enzymes seule ne permette pas de poser un diagnostic, elle constitue souvent une première étape.

 

La gestion des chevaux avec pssm

Photo d'un cheval avec PSSMUne prise en charge efficace de la PSSM repose sur une combinaison d’exercice adapté et de gestion nutritionnelle.

Une bonne nutrition et un exercice régulier sont les deux facteurs les plus importants pour la gestion des chevaux atteints de PSSM. Il est fortement conseillé de combiner un programme alimentaire avec un programme de travail adapté au cheval afin de gérer au mieux la PSSM (Harris et Rivero, 2015).

 

Dans une étude, la moitié des chevaux atteints de PSSM1 constatent une amélioration des symptômes uniquement grâce à une gestion nutritionnelle. Cependant, la combinaison des programmes (nutrition et exercice) a permis de limiter l’accumulation de glycogène et de réduire les épisodes de rhabdomyolyse chez 90% des chevaux suivi lors de l’étude (Young, 2020).

 

Exercice pour les chevaux atteints de PSSM

L’exercice physique régulier encourage les muscles à brûler le glycogène stocké. Un exercice quotidien régulier, même de courte durée, est donc essentiel.

 

Le programme de travail d’un cheval avec PSSM doit être adapté et personnalisé. Les recherches montrent que les chevaux atteints de PSSM doivent bénéficier d’un exercice quotidien adapté et autant de temps que possible dans le paddock pour se déplacer librement, en minimisant le temps passé au box (< 12 h consécutives conseillé ; McKenzie et Firshman, 2009). Les jours de repos doivent être peu nombreux.

 

Si votre cheval a subi un épisode de rhabdomyolyse, un programme de retour au travail très progressif doit être mis en place en accord avec votre vétérinaire. Ce programme doit commencer qu’au bout de quelques jours, une fois que toute la douleur et la raideur se sont dissipées. Un repos prolongé après un épisode de rhabdomyolyse semble être contre-productif, et pourrait même prédisposer les chevaux PSSM à d’autres épisodes.

 

Le stress étant un facteur aggravant, il est recommandé de réduire les sources de stress pour le cheval en respectant une routine stable et en lui permettant d’interagir avec des compagnons compatibles.

 

La gestion nutritionnelle du cheval avec PSSM

Chaque cheval nécessite une ration adaptée à ses besoins individuels, notamment pour éviter le surpoids souvent observé chez les chevaux atteints de PSSM. Le métabolisme et les objectifs de performance sont deux facteurs importants dans le choix d’une ration adaptée.

 

La gestion nutritionnelle des chevaux atteints de PSSM doit répondre précisément à leurs besoins énergétiques, vitaminique, et minéraux, en privilégiant les calories provenant de matières grasses et de fibres, tout en limitant les glucides solubles (amidon et sucre) dans leur alimentation.

 

Les besoins en fourrage

Le fourrage doit être la base de l’alimentation de votre cheval. Le fourrage doit être distribué à raison d’au moins 1,5 à 2% du poids corporel de votre cheval, et peut grimper jusqu’à 3 % pour un cheval au travail. Pour un cheval de 500 kg à l’entretien, cela représente environ 10 kg de fourrage par jour.

 

Le choix du foin

Le choix du type de foin a aussi son importance pour les chevaux avec PSSM. Privilégiez les foins pauvres en calories et en glucide simples, comme les foins de prairie mature, et trempez le foin pour réduire la teneur en sucre si nécessaire. Si possible, il faut proposez un fourrage contenant des fibres moins digestes pour rassasier le cheval avec des quantités réduites. Optez pour des fourrages plus matures, avec des fractions de fibres ADF et NDF élevées.

 

Le choix du pâturage

Pour un cheval atteint de PSSM, le choix du pâturage est essentiel. Privilégiez des pâturages « pauvres », avec des faibles rendements, similaires à ceux recommandés pour les chevaux sujet à la fourbure ou en surpoids. Un laboratoire peut analyser le pâturage pour déterminer s’il convient, sachant que des niveaux de sucres simples inférieurs à 12 % sont en général adaptés (Kentucky Equine Research, 2016). Lorsque l’herbe est trop riche ou abondante, un panier anti-fourbure peut limiter l’ingestion de votre cheval.

 

Les apports en calories

En fonction de la condition physique de votre cheval et des exigences de performance, il pourrait avoir besoin de calories supplémentaires en plus de ce qui est fourni par le fourrage.

Pour les chevaux ayant besoin de calories supplémentaires, privilégiez d’abord les fibres solubles et les suppléments en matières grasses. Vous pouvez également ajouter de petites quantités de concentrés faibles en amidon si nécessaire. La quantité de chacun dépendant évidemment du grade de PSSM et de l’ampleur des besoins énergétiques supplémentaires.Photo d'une personne qui gère un cheval atteint de PSSM

 

La supplémentation en huile

La supplémentation en huile reste la solution la plus simple pour fournir de l’énergie supplémentaire à votre cheval. Les graisses n’entraînent pas de libération d’insuline et ne sont pas stockées sous forme de glycogène dans les muscles. Les calories apportées sous forme de matières grasses se sont d’ailleurs avérées bénéfiques pour les chevaux atteints de PSSM (Harris et Rivero, 2015). Toute supplémentation d’huile doit être introduite progressivement, sur plusieurs semaines, selon la quantité souhaitée. Les huiles riches en oméga-3 sont particulièrement intéressante pour limiter les dommages musculaires (comme en témoigne une baisse de la créatine kinase (CK) dans le sang ; McKenzie et al. 2003). Avec un apport accru en matières grasses dans la ration de votre cheval, il est recommandé d’ajouter de la vitamine E pour ses propriétés antioxydantes.

 

Les aliments concentrés

Des aliments concentrés peuvent compléter la ration de votre cheval. Privilégiez ceux faibles en glucides (amidon et sucre), riches en matières grasses et apportant une énergie provenant principalement de fibres fermentescibles, comme la pulpe de betterave.

Ne prévoyez pas d’augmenter la ration avant que la charge de travail ne le nécessite . Ajustez la ration en fonction du poids et de l’état corporel de votre cheval pour éviter une prise de poids excessive.

 

La supplémentation en vitamines et minéraux

Bien que nécessaires en petites quantités, les vitamines et minéraux ne doivent pas être négligés. Un apport équilibré en vitamines et minéraux est essentiel pour les chevaux, surtout si leur ration se limite au fourrage, souvent insuffisant et déséquilibré. Consultez un nutritionniste ou un vétérinaire pour ajuster ces apports selon les besoins du cheval.

 

L’alimentation des jours de repos

Les jours de repos pour un cheval atteint de PSSM doivent être peu nombreux. En cas de jour de repos, ajustez la ration en réduisant les aliments concentrés pour éviter l’accumulation de glycogène dans les muscles. Les aliments complémentaires (aliments concentrés, huile, etc.) doivent, par exemple, être réduits de moitié de la veille jusqu’au soir suivant.

 

 

 

Conclusion

Il n’existe pas de traitement curatif pour la PSSM. Une gestion nutritionnelle rigoureuse et un programme d’exercice adapté peuvent améliorer la qualité de vie des chevaux affectés. Avec une combinaison adaptée de régime alimentaire et de travail, de nombreux chevaux présentent des améliorations significatives de leurs symptômes. Ils subissent moins d’épisodes et peuvent retrouver des niveaux de performance acceptables.

 

Pour adapter ces conseils aux spécificités de chaque cheval, consultez régulièrement des professionnels de santé équine. Vous souhaitez des informations et des recommandations personnalisées, n’hésitez pas à contacter votre conseiller technique ou votre vétérinaire.

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