Les idées reçues sur l’alimentation du cheval sont nombreuses. Effectivement, au sein d’une écurie, on peut entendre (et propager) de nombreuses croyances « populaires » autour de l’alimentation du cheval. Cependant, ces dernières ne sont pas forcément bien fondées dans la science ! Dans cet article, nous allons tenter de démystifier certains mythes ou idées préconçues que vous avez déjà probablement entendu à l’écurie.
L’alimentation du cheval : les idées reçues les plus récurrentes
Idée reçue n°1 : « Les chevaux mangent ce dont ils ont besoin »
La première idée reçue sur l’alimentation du cheval qu’on a déjà pu entendre est que les chevaux ont un « savoir-faire nutritionnel ». Autrement dit, ils cherchent des éléments nutritifs pour répondre à leurs propres besoins. Cependant, cette idée est globalement fausse. Par exemple, pour la grande majorité des chevaux, s’ils ont accès à un aliment concentré à volonté, ils peuvent être capable de se gaver au point d’induire des effets négatifs sur leur santé comme des coliques, une fourbure ou l’obésité. Les chevaux peuvent être très gourmands. De ce fait, nous ne pouvons pas dire que le cheval gère bien ses besoins énergétiques !
Les besoins en minéraux du cheval
En revanche, le cheval a la capacité de gérer son ingestion de sel afin de répondre à ses besoins, contrairement aux autres nutriments. Il existe certains indicateurs métaboliques qui signalent cette carence au cheval. C’est pour cette raison, nous vous conseillons de laisser un bloc de sel en libre accès pour votre cheval.
Si on prend le temps d’observer nos chevaux à l’extérieur, on peut remarquer qu’ils lèchent le sol. Le fait de lécher le sol, appelé géophagie, est un comportement assez courant chez les chevaux sauvages et domestiques. Historiquement, les chercheurs pensaient que les chevaux léchaient le sol pour répondre aux besoins en minéraux ou en sel. Cependant, des études effectuées ont montré que les chevaux qui ont reçu un complément de minéraux ont gardé ce comportement de géophagie. Aujourd’hui, nous sommes toujours incapables de dire pourquoi les chevaux présentent ce comportement, qui est toujours présent même chez les chevaux aux rations bien ajustées.
Idée reçue n°2 : « Les protéines sont la source de tous les maux, et toutes les précautions doivent être prises pour débarrasser un régime alimentaire des excès de protéines. »
Le rôle des protéines chez le cheval
Tout d’abord, rappelons le rôle des protéines pour le cheval. Les protéines sont un des constituants principaux de l’organisme (les muscles, la peau, les poils, les hormones) et interviennent dans de nombreux processus clés pour le bon fonctionnement de l’organisme comme le système immunitaire, la coagulation, le transport d’oxygène.
En tant que source d’énergie, la protéine n’est pas efficace. Contrairement aux graisses, les protéines ne peuvent pas être stockées dans l’organisme et sont en permanence dégradées et remplacées. Pour compenser ces pertes, votre cheval doit recevoir une ration journalière assez pourvue de protéine pour couvrir ses besoins.
Les effets d’une carence en protéines
Un foin de mauvaise qualité, accompagné de peu ou pas de concentrés, pourrait provoquer une carence en protéines. Ainsi, cela souligne l’importance des analyses de fourrage pour la création des rations pour vos chevaux. La carence se caractérise par une fonte musculaire, une difficulté à rester concentré et un manque général d’énergie. Certains chevaux présentant une carence en protéines présenteront une nette perte de musculature sur la ligne du dessus, avec une colonne vertébrale et des hanches saillantes.
Les protéines et l’ostéochondrose
On pensait autrefois que des niveaux élevés de protéines étaient liés à l’ostéochondrose. La qualité des protéines de la ration est essentielle. C’est elle qui conditionne les propriétés de la matrice extracellulaire du cartilage. Donc, un défaut en quantité et/ou qualité (acides aminés limitants) des protéines est directement relié à l’ostéochondrose car l’ossification ne peut se faire correctement. Les tissus formés sont fragiles et plus sensibles aux traumatismes. Associée à une ration trop riche en énergie, un excès de protéines augmente le risque de développement de lésions d’ostéochondrose. En effet, ces excès permettent une vitesse de croissance accrue suivie de déficits en minéraux, eux-mêmes néfastes à l’ossification correcte des zones en activité. Cependant si les protéines sont apportées en excès de façon isolée, aucune conséquence n’a jamais été remarquée.
Idée reçue n°3 : « Les quantités d’aliment recommandées sur les étiquettes des aliments sont exagérées et mon cheval se porte bien avec seulement une poignée de nourriture chaque jour.»
Les besoins nutritionnels des chevaux
Pour être en bonne santé et combler leurs besoins nutritionnels, les chevaux ont besoin d’une certaine quantité de nutriments par jour. En revanche, la quantité nécessaire pour un cheval n’est pas forcément la même pour son voisin. En effet, de nombreux facteurs sont pris en considération afin de déterminer les recommandations d’apports nutritionnels quotidiens (voir blog sur les nutriments essentiels pour les chevaux).
Les quantités recommandées
Les quantités recommandées indiquées sur les étiquettes des aliments reflètent le niveau d’enrichissement de l’aliment. L’enrichissement est la quantité de protéines, de minéraux et de vitamines ajoutée à un aliment pour le rendre nutritionnellement approprié à la classe de chevaux auquel il est destiné (sport, course, élevage). Le fait de donner seulement une poignée de nourriture fournira peu de calories et peu de nutriments. Si les chevaux ne reçoivent pas la quantité minimale recommandée de l’aliment par jour, ils ne recevront pas un apport suffisant en nutriments. Par conséquent, le cheval n’aura pas assez d’énergie.
Par exemple, supposons qu’un cheval ait besoin de 2 milligrammes de sélénium chaque jour. Le taux d’alimentation recommandé pour un aliment particulier est de 2 kilogrammes par jour, et cette quantité fournit les 2 milligrammes de sélénium requis. Si seulement un demi-kilo est distribué, le cheval ne recevra qu’un quart de ses besoins quotidiens en sélénium. N’oubliez pas que le fourrage de votre cheval apportera également des nutriments, et qu’il est donc important d’en tenir compte dans vos rations alimentaires.
Si un cheval devient obèse en distribuant la quantité minimale recommandée pour un aliment donné, pas de panique, il existe d’autres options ! Il est possible de limiter l’apport calorique tout en apportant des nutriments essentiels en remplaçant le concentré par un aliment plus concentré en nutriments mais plus faible en calories (comme les aliments dit « balancer ») ou un supplément vitaminique/minéral bien formulé par un fourrage bien adapté.
Idée reçue n°4 : « L’avoine rend les chevaux « chauds » »
Dans l’écurie, vous avez sûrement entendu qu’il ne faut pas donner de l’avoine à un cheval « chaud », mais que cela pourrait être intéressant pour les chevaux « froids ». Même dans le monde des courses, Alain Cornic, auteur de l’Alimentation du cheval de course et de concours, note qu’il y a « un attachement mythique à l’emploi de l’avoine ». On lui attribue des vertus particulières, notamment des propriétés excitantes sur le système nerveux central du cheval. Ceci est attribué à un composant mystérieux, nommé « l’avénine » il y a 150 ans.
Aujourd’hui, même avec tous les avancements des moyens d’investigation dans nos laboratoires, nous n’avons jamais pu isoler la mythique avénine ! Malgré les croyances qu’on peut en avoir, la science n’est pas capable de prouver l’existence de la molécule aux propriétés stimulantes. Cependant, l’avoine est toujours très intéressante d’un point de vue nutritionnel. Par rapport aux autres graines, l’avoine est riche en matière grasse, et en acides aminés ramifiés (notamment la leucine et la thréonine) qui pourront se substituer au glycogène (le sucre) comme source d’énergie en cas de besoin.
Conclusion
Les études scientifiques ont fourni d’énormes quantités d’informations pour améliorer notre compréhension de la nutrition des chevaux. Pourtant, les mythes et idées reçues autour de l’alimentation du cheval restent répandus. Heureusement, nous disposons de la science pour nous aider à surmonter ces idées préconçues. N’hésitez pas à contacter votre conseiller technique ou votre vétérinaire, pour vous aider dans la compréhension et la construction de votre ration alimentaire.
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